Le forum du saxophone et des saxophonistes

Bonjour les membres du forum.
Avez-vous testé les soloist modernes en ténor ? Si j'ai bien vu la photo, c'est une reprise des long shank (à vue de nez et sur le site Selmer les deux modèles ne sont pas proposés) ?
J'ai vu des short shank vintage sur des sites marchands vendus par des "traders" musicaux, ils sont à 1000 balles, et avec une petite ouverture.

Je sais bien que dans tous les cas, le seul bec, même identique, ne saurait rendre les sons de Joe Henderson ou d'Eddie Harris ! ;)

Le Soloist moderne est plutôt un bec pour le classique. Tendance sombre, comme un S80 au look plus "vintage".
Les Soloist anciens (avec la gravure Soloist sur la table) timbrent beaucoup plus. Parfois les courts timbrent encore plus que les longs. Et une fois modifiés, ils peuvent être très brillants (Kenny Garrett à l'alto...).
En fait, ce ne sont pas vraiment les mêmes becs, même s'ils ont des attribus en commun (la forme extérieure, la chambre en tunnel ferroviaire...).
En cherchant bien, tu peux trouver un long shank ancien en parfait état pour moins que le prix d'un neuf.
J'ai eu plusieurs périodes "Soloist" ça ne garantit pas de sonner comme Joe Henderson mais ça peut sonner agréablement, avec une sonorité singulière... au point que ça peut aussi lasser

Carmen Leggio (SML GoldMedal ténor + Soloist D)
Sa sonorité très centrée / compacte / dense illustre bien le "côte singulier" du Soloist

Je te remercie pour ton avis et ta documentation.
Pas mal le son du bonhomme quand même (et quand on sait en plus que c'est un gars qui jouait d'oreille...). J'aime bien. Ça m'évoque un peu le son de Warne Marsh qui lui jouait sur Otto Link métal, comme quoi, le matériel...
D'ailleurs, à un prénom près, c'était Sal Mosca sur le disque à la place de Ray (élève de Tristano qui a pas mal joué avec le même Marsh).

D, c'est une petite ouverture, non ? A moins que l'échelle Selmer ait changée. Pour les becs Selmer soloist ténor modernes, la plus grande ouverture G (2,40 mm) est plus petite que du 7 en Otto Link . Après, peut-être que la configuration de ces becs ne demande pas une grande ouverture.
Les becs ténor soloist long Shank vintage que j'ai vus sont souvent en C*.

Paxi a écrit : ↑04 avr. 2025 12:01
Carmen Leggio (SML GoldMedal ténor + Soloist D)
Sa sonorité très centrée / compacte / dense illustre bien le "côte singulier" du Soloist

Un Soloist, ça a un plafond très "fuyant" (pas sûr que ça soit le meilleur mot) : ça ne demande pas la même ouverture qu'un Link.
Il n'y a pas très longtemps, je jouais un "Soloist C*" qui était en réalité entre le D et le E (>0.080). Avec une anche Rigotti 3 hard ça passait très bien
(Je joue habituellement 3M / link 7* ou 8 à baffle).
Après, comme le dit Pat, l'inconvénient d'une petite ouverture, c'est que les subtones ne sont pas vraiment utilisables. Ça sonne plus "droit".

À propos de Carmen Leggio, si j'ai bien compris ce n'est pas qu'il eut été mauvais lecteur, mais plutôt qu'il apprennait plus vite que la moyenne (le genre très énervant qui apprend une partition en une seule lecture).
Édit : tu as raison, il explique dans la vidéo qu'il ne sait pas lire les grilles d'accord. Il compose "sur la mélodie". Pas tout à fait à l'oreille, mais à partir de la mélodie qu'il déroule dans sa tête et en fonction des intervalles, qu'il entend parfaitement sans savoir les nommer.

Pour en savoir plus :

Excellente cette interview avec Carmen Leggio! On a l’impression de prendre le thé avec un grand oncle qui aurait été une légende du jazz!
Et son son est vraiment intéressant, j’adore!
Surtout que dans l’interview il fait revivre toute un période de l’histoire du jazz entre quartet jazz puis big-bang, rnb et l’arrivée des musiques amplifiées comme le rock et le twist et ce que ça a impliqué sur sa carrière et la formation de son son (principalement lors du passage dans les big band où il fallait se fondre avec le reste des pupitres).

Bref merci Paxi!

Franchement super intéressant à lire tout ça !
Je ne connaissais pas bien les Soloist modernes, et je comprends mieux maintenant la différence avec les anciens. C’est fou comme un détail comme le “plafond fuyant” ou la chambre peut changer complètement la couleur du son.
J’ai écouté Carmen Leggio du coup, et j’adore ce grain un peu serré, hyper vivant. Merci pour la découverte !

Tu connais certainement Eddie Harris et Joe Henderson qui jouait sur des soloist Short shank ?
On voit aussi ce bec sur la pochette de l'album "The John Coltrane Quartet Plays". J'ignore s'il a enregistré l'un des morceaux avec, et lequel.
Cela fait quelques semaines que je joue d'un soloist long shank vintage ténor qui avait été refacé par Pat Morisson, l'un des animateurs du forum (en 0.95 ou 2,41 mm).
Après avoir joué des becs métal (Otto link, Guardala), j'avais acquis un bec ébonite type Slant à large chambre qui me plaît beaucoup.
Après quelques temps d'adaptation, je suis content des possibilités offertes par ce soloist.
Je n'avais pas la ligature d'origine. J'ai acquis une ligature toute simple ressemblant à celle des anciens soloist. Puis une Rovner sans plaquette (MK-III) pour atténuer le côté brillant de mon soloist et qui me convient bien.

Selon mon ressenti, un son centré et chaud, une bonne projection, de la précision dans l'attaque des notes, une facilité dans les subtones et dans l'extrême grave comme pour les suraigües. L'avantage c'est qu'on quand même faire varier le caractère entre du plus ou moins brillant ou du plus ou moins mat.
Je comprends donc qu'on puisse en jouer dans un style plus funky à la Eddie Harris.
En classique, peut-être (j'en joue pas). En tout cas je trouve que mon bec a un petit côté vintage et pas si "propre" que ça qui me plaît bien, un petit "fuzz".
J'ai entendu aussi sur le net Max Ionata en jouer sur une version funky de "So what". Ça sonne bien, bon faut dire que c'est pas n'importe qui et qu'il tirerait du bon de n'importe quel bec basique.
En élargissant, j'ai dans l'idée que pour le smooth jazz, ça doit le faire. C'est peut-être dans les vieux becs qu'on fait la meilleure smooth ?
Je n'ai pas encore testé ce bec en big band. Je verrai si ça le fait.
Quelques exemples qui à mon avis peuvent illustrer les possibilités du soloist.
Faut croire que ce type de conception intéresse encore car d'autres fabricants autres que Selmer vendent encore des becs inspirés des Soloist ou carrément des reproductions (Aizen, Gottsu, Boston Sax Shop, Retro Revival...).

caroline56 a écrit : ↑09 oct. 2025 22:44 Franchement super intéressant à lire tout ça !
Je ne connaissais pas bien les Soloist modernes, et je comprends mieux maintenant la différence avec les anciens. C’est fou comme un détail comme le “plafond fuyant” ou la chambre peut changer complètement la couleur du son.
J’ai écouté Carmen Leggio du coup, et j’adore ce grain un peu serré, hyper vivant. Merci pour la découverte !

Juste pour rajouter une couche...
En classique / orchestre j'ai voulu y croire et j'ai fini par renoncer, précisément pour le côté "pas si propre", le "fuzz" ou "buzz" des anciens modèles, qui dépasse du timbre du pupitre.
En tout cas à l'alto, j'aime beaucoup.
Reste la question du coût d'un bec ancien + refaçage, sachant qu'il y a d'autres options moins coûteuses maintenant. On ne trouve pas autant de becs dans l'esprit Soloist que dans l'esprit Slant/Florida, mais ça va peut-être évoluer ??

Surtout qu’un bec en fer à cheval, ça porte bonheur.

Paxi a écrit : ↑10 oct. 2025 10:54 On ne trouve pas autant de becs dans l'esprit Soloist que dans l'esprit Slant/Florida, mais ça va peut-être évoluer ??